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REPERAGE ET POSITIONNEMENT DE TRACES D'EXPLOITATION MOYEN-AGEUSES A LA GROTTE DE FOISSAC
Stage national "Equipier scientifique 99"



Travaux réalisés par: Karine Lazzaroni, Magali Lemercier, Denise Soulier, Rami Aubourg-Kaires, Gérard Cazes, Alain Du Fayet de la Tour, Thierry Pélissié, Jean-Christophe "Nounours" Perez, Benjamin Richard, Vincent Vieillerobe.
Synthèse: Rami Aubourg-Kaires.



Présentation:

Le stage d'équipier scientifique de l'EFS s'est déroulé du 19 au 24 juillet 1999 à la grotte de Foissac, en Aveyron. Ce stage faisait également partie du cursus moniteur, et la plupart des quinze participants étaient de ce fait de futurs "cadres" de l'EFS. La FFS ayant récemment acquis et aménagé une des entrées à la cavité, ce stage était l'occasion de faire le point sur les travaux d'intérêt scientifique et culturel pouvant être réalisés dans la grotte.
Une heureuse collaboration (qu'on aimerait voir plus souvent) entre les inventeurs et exploitants de la cavité, la DRAC Midi-Pyrénées, la commission scientifique de la FFS et l'EFS a permis le déroulement de ce stage dans de bonnes conditions.
Les stagiaires ont réalisé diverses pré-études en hydrologie, remplissages et spéléothèmes, et archéologie, que vous pourrez consulter dans le compte-rendu qui a été réalisé à l'occasion.

La grotte de Foissac:

La grotte de Foissac développe environ 9 km de réseau souterrain. C'est un réseau actif qui se jette dans le Lot quelques kilomètres plus au Nord. La grotte présente plusieurs entrées distinctes. Deux de ces entrées ont connu une fréquentation humaine à des périodes différentes: chalcolithique et moyen-âge. L'entrée chalcolithique s'est effondrée il y a environ cinq mille ans, et un tunnel artificiel a été percé, afin de permettre l'étude et l'exploitation touristique de cette partie de la cavité, riche en vestiges archéologiques. Cette partie de la cavité est isolée du reste du réseau par une trémie. Il existe également une entrée "spéléo", un peu séléctive pour des non-pratiquants et pour le matériel d'étude. L'entrée moyen-âgeuse, qui se trouvait au fond d'une doline, a été récemment redécouverte, débouchée et busée par la FFS, pour permettre un accès aisé à cette partie de la cavité aux éventuels scientifiques et fouilleurs non-spéléo (sympa, non'). C'est cette entrée qui a été acquise par la FFS, et que nous avons emprunté afin de réaliser des études karstologiques (développés dans un autre article) et positionner et baliser les stations d'un intérêt archéologique éventuel.

Les pré-études archéo:

Une poterie datant du moyen-âge ayant été découverte proche de l'entrée datant de la même époque (l'entrée FFS actuelle, pour ceux qui n'auraient pas encore compris), et des traces d'occupation humaine ayant été repérés par des équipes précédentes, notre tâche a été de mieux cerner les raisons et l'étendue des visites souterraines des hommes du moyen-âge. La zone étudiée comprenait un tronçon d'une petite centaine de mètres de galerie principale active, ainsi qu'un méandre fossile de la rivière.
Deux équipes de quatre personnes chacune ont passé deux jours dans cette zone, à topographier les lieux de façon précise, et à repérer et positionner les traces d'exploitaton humaine de la cavité. Un balisage de la zone a ensuite été réalisé, afin de protéger les sites du risque de piètinement.
Nous avons voulu rester dans notre rôle de spéléos, peu habitués au maniement de la microtruelle et du couteau à huîtres, en relatant strictement ce que nous avons pu observer. Si toutefois notre plume a pu se hasarder à des conclusions hâtives ou erronées, le lecteur est prié de nous excuser d'avance.
Quatre types de vestiges ont été repérés: ossements, foyers, traces de recherche et d'exploitation d'argile et de pisolithes de fer, et traces de passage anciens.
A de nombreux endroits, des planchers stalagmitiques ont été cassés, afin de permettre l'accès aux remplissages d'argile, ou de pisolithes ferreux situés dessous. Certains endroits n'ont été exploités que sur une faible épaisseur, alors que d'autres ont manifestement subi l'extraction de plusieurs mètres-cubes de matériel. Les traces des outils ("truelles") ayant servi à extraire le remplissage sont restés imprimés dans l'argile. Le ou les exploitants mettaient visiblement du coeur à l'ouvrage, puisque nous avons retrouvé des projections d'argile, recouvertes de calcite, sur des concretions actives à quelques mètres d'un des sites d'exploitation.
Plusieurs traces de foyers ont été repérés dans l'éboulis proche de l'entrée. Ceux-ci ne faisant pas partie de notre aire d'étude, nous ne les avons pas positionnés précisément. Curieusement, peu foyers ont été découverts dans les parties plus éloignées, où nous avons vu l'essentiel des traces d'exploitation. Une fouille plus minutieuse en mettra peut-être à jour. Des traces de charbon épars feraient plutôt penser à un éclairage par torches sur les lieux d'activité.
Entre deux sites d'extraction, sur une coulée stalagmitique environ trois mètres au-dessus du niveau de la rivière, nous avons découvert les traces d'un ancien passage, permettant la progression à pied sec vers les parties plus éloignées. Des trainées argileuses recouvertes de calcite marquent le tracé. Des draperies ont été cassées au niveau d'un passage bas. Des traces de pied subsistent au fond d'un gour. Enfin, une trace de main argileuse recouverte sur une moitié de calcite est posée sur un dôme stalagmitique. C'est elle qui nous a d'ailleurs permis de découvrir le passage d'en bas. Proche de l'entrée, en dehors de la zone d'étude, on peut également voir des traces de pas calcitées.
Enfin, des dents de Mammifères herbivores, ainsi que des fragments d'os ont été découverts, aussi bien dans le lit de la rivière que dans les remplissages du méandre fossile et de la rivière. Leur état de patinage, voire de fossilisation partielle, ainsi que leurs lieux de découverte, font toutefois penser qu'il s'agit de charriage de vestiges paléontologiques bien antérieurs à l'exploitation de cette partie de la cavité. Un gisement de fragments d'os a d'ailleurs été mis à jour par les exploitants dans un remplissage, indiquant clairement l'antériorité de ces dépôts.
Le positionnement des sites est visible sur la topographie ci-après.

Conclusions/perspectives:

Nous n'avons pas ratissé toute la zone. Du travail reste à faire pour cerner complètement la zone exploitée. Nous n'avons fait que notre travail de spéléos en protégeant ce qui nous semblait nécessaire, et en ramenant nos observations. L'entrée à la cavité n'est pas restreinte pour autant, étant donné qu'il n'y a pas de crânes d'ours ou des artéfacts pouvant susciter l'envie. Juste des traces d'utilisation des ressources du monde souterrain aux temps historiques, nous éclairant un peu sur les modes de vie de nos ancêtres. Il reste maintenant à évaluer la nécessité ou non de conduire des fouilles programmées sur le site, ce qui ne relève pas de notre compétence.
De façon générale ce genre d'actions, qu'elles soient suivies ou non de fouilles plus minutieuses, contribue à maintenir un dialogue entre les spéléologues (qui trouvent les cavités, d'intérêt archéologique ou non) et les instances publiques (DRAC, Ministère de la culture...). A l'heure où certains esprits mal intentionnés cherchent à faire passer les spéléologues pour des irresponsables dangereux coûtant cher à la société, il serait important de communiquer sur ce genre d'actions. Cela permet de faire savoir ce qui est une évidence: notre activité est globalement profitable à la communauté